La culture du pourboire au Mexique

Publié le mercredi 12 avril 2023

Lorsque l’on voyage pour la première fois au Mexique, et même plus généralement en Amérique Latine, on assiste tout de suite à un dépaysement culturel important ; beaucoup de choses fonctionnent différemment au Mexique, et l’une de ces différences culturelles, c’est le pourboire, qui se dit « propina » en espagnol.

C’est un concept qui est de manière générale beaucoup plus accepté par les Canadiens et les Américains, qui sont habitués à laisser des pourboires ; mais beaucoup moins par les européens et notamment les Français, qui sont en général considérés comme pingres au Mexique, notamment dans les zones touristiques. Cette différence culturelle a une explication bien précise. Il faut comprendre le fonctionnement de chacun des pays pour pouvoir expliquer cette différence.

La culture du pourboire en France

En France, tout est très cher et, sauf cas exceptionnel, le service est toujours inclus dans le prix des prestations, qu’il s’agisse du restaurant, de l’hôtel ou encore des prestations de tout type de services (touristiques notamment). Les Français sont donc habitués à payer un prix fixe qui comprend l’ensemble de la prestation, y compris le salaire du serveur, réceptionniste ou prestataire de service. Il n’est pas naturel de laisser un pourboire alors que le prix de la prestation est déjà élevé et qu’il est censé tout englober.

La culture du pourboire au Mexique

Au Mexique, la situation est très différente. Dans le secteur touristique notamment, les salaires sont dérisoires et le pourboire sert en réalité à couvrir le salaire du travailleur, c’est pour cela qu’il est si important ici et qu’il est très mal vu de ne pas laisser de pourboire lorsque l’on est un touriste.

Pour donner des chiffres concrets, le salaire minimum journalier est d’environ 180 pesos au Mexique, soit environ 9€. Ce salaire ne permettant pas de vivre correctement au Mexique, le pourboire est donc une partie essentielle de revenu pour les travailleurs. Un serveur par exemple gagne le salaire minimum, et sa survie dépend 100% des pourboires : imaginez faire un service de huit ou dix heures pour gagner 9 euros au total ! Il en est de même pour les chauffeurs de transports touristiques dans les excursions. Ils sont payés entre 200 et 300 pesos (entre 9 et 12 euros) pour une journée de plus de 10h de travail, il est donc logique qu’ils espèrent un pourboire pour compléter leur faible salaire.

Qui a raison ?

En termes d’éthique, il est tout à fait normal pour un occidental de considérer que ce n’est pas au client de payer le salaire du travailleur avec son pourboire, mais plutôt à l’entreprise d’augmenter le salaire en conséquence pour que l’employé ait un revenu digne. En attendant, cela n’est pas près de changer de sitôt et, bien qu’il soit légitime de contester ces abus des restaurants, hôtels et prestataires touristiques qui exploitent littéralement leurs travailleurs, il n’en reste pas moins que sans les pourboires les employés du secteur touristique ne pourraient pas subvenir à leurs besoins vitaux.

Il est donc important de s’adapter et de tenir compte des conditions salariales du secteur touristique au Mexique.

Maintenant que l’on sait pourquoi le pourboire est si important au Mexique, la question qui vient naturellement est la suivante : 

Combien est-il raisonnable de donner ?

Prenons d’abord l’exemple du restaurant, qui est le cas le plus classique au Mexique. En moyenne, on considère qu’il est correct de laisser 10% du montant du repas, pour un service normal. Lorsque vous êtes très satisfaits du service, le restaurant vous recommande de laisser 15% et même jusqu’à 20% si le service est considéré comme exceptionnel.

En revanche, il ne faut pas oublier qu’il est techniquement facultatif et qu’il doit se mériter. Si vous n’avez pas reçu un bon traitement de la part du serveur et du restaurant en général, vous pouvez tout à fait ne rien laisser du tout. Si tel est le cas, il est toujours plus correct d’expliquer au serveur ou à son manager pourquoi vous n’avez pas été satisfait du service, sinon il risque de ne pas comprendre pourquoi vous ne lui avez pas laissé de pourboire.

La quantité que vous allez laisser dépend totalement de votre ressenti, et n’est en aucun cas obligatoire même si vous risquez d’être mal vu. Dans certains endroits touristiques, les restaurants l’incluent dans l’addition en le rendant obligatoire, chose qui est totalement illégale ; certains imposent même 15 ou 20% alors que le service est quelconque : vous avez tout à fait le droit de refuser. Personne ne peut vous obliger à en laisser, même s’il figure sur l’addition.

Il est également fortement recommandé de laisser un pourboire au chauffeur et au guide lors d’excursions, mais dans des proportions tout à fait différentes. Il n’y a pas de montant moyen comme c’est le cas au restaurant, vous donnerez ce que vous considérez être juste pour le service reçu.

Enfin, il y a beaucoup d’autres cas où l’on donne des petits pourboires, comme dans les stations-services où il est fréquent de donner une pièce de 5 ou 10 pesos, lorsque le pompiste lave votre pare-brise ou vérifie la pression de vos pneus par exemple. Il est apprécié de donner environ 20 pesos au bellboy (le porteur de valises), 100 pesos pour une femme de ménage et 5 pesos au viene-viene (celui qui vous aide à vous garer).

Même des petites quantités font généralement la différence pour ces travailleurs au salaire très faible, qui compte sur ces pourboires pour pouvoir vivre décemment au Mexique.